Voici, comme promis, les deux premières pages de mon livre. Il m'a semblé qu'une seule était insuffisante à situer le sujet... Jugez par vous-même !
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Sur la plage ...abandonné
Le soleil se pose sur le napperon de la mer dont l’écume tisse et retisse inlassablement la dentelle. En fond sonore, l’azur du ciel joue de ses avions banderoles et de ses ultra-légers motorisés, accompagné par la stridulation des cigales. Dans cette région, une indispensable brise marine caresse l’été excessif, avec l’élégance d’une dame agitant un éventail.
Tous les jours, la mer dépose des présents sur le sable, à la lisière des vagues et au rythme de ses respirations. Le plus souvent, ce sont des bois flottés aux formes insolites, des branches plus récentes encore garnies de feuilles ou des fragments de filets de pêche agrémentés de grosses perles en polystyrène tels les colliers d’une sirène géante. Parfois malheureusement, un cynique magicien a transformé les trésors de la mer en immondices échoués sur les terres de ceux qui les ont générés : les humains…
Ce matin, un étrange cadeau arrive sur la plage, un cadeau vivant : un goéland !
La vie l’habite encore en pointillés, il s’en faudrait de peu qu’elle ne se déchire…
L’oiseau semble très malade.
Ses ailes abandonnées gisent, hors d’usage. Ses pattes prolongent la masse de son corps inerte en deux inutiles protubérances. Par son bec haletant, l’air parvient difficilement à circuler. L’oiseau a les yeux grands ouverts.
Le goéland :
« Que m’arrive-t-il ?
« Mes ailes sont de plomb, je ne sens plus mes pattes. La houle de la mer me pousse vers le rivage et je ne peux lutter. Dans l’impossibilité de redresser mon cou, je pique du bec dans l’eau et bientôt sur le sable dur qui m’accueille. Le soleil est aveuglant, mais je ne sens pas davantage sa chaleur que je ne sentais la fraîcheur de la mer, tout à l’heure.
« À défaut d’être un oiseau, je ne suis plus qu’une tête échouée sur le sable. Mes forces me lâchent, la vie quitte mon corps… ».
La dame :
« Quel est ce déchet arrivé par la mer ? Probablement encore un de ces sacs en plastique… ».
Elle s’approche et reconnaît un oiseau en détresse.
Le goéland :
« Il ne manquait plus que cela : un géant humain !
« Ma tête est soulevée du sol. Le corps doit suivre mais je n’en suis pas sûr. L’humain m’emporte. Arrivé à ce stade de l’épuisement, tout m’est égal.
« Je ne suis qu’un pauvre oiseau malade, en train de devenir progressivement invisible. Lorsque ma tête aura disparu, je n’existerai plus. »
La dame place délicatement l’oiseau à l’ombre d’un catamaran.
Mon oiseau paralysé